Déclaration ­FO au CTA du 28 janvier 2016

Déclaration ­FO au CTA du 28 janvier 2016

 

Madame
la Rectrice,

Mesdames
et Messieurs les membres du CTA,

 

Cette
réunion du Comité Technique de l’Académie de Toulouse se tient le surlendemain
d’une journée de grève et de manifestations des trois versants de la fonction
publique dont les personnels de l’Education nationale.

La grève du 26
janvier, a été, dans l’Education nationale une grève massive, majoritaire dans
les collèges. Les rassemblements et manifestations organisés par une
intersyndicale toujours unie sur la revendication d’abrogation de la réforme
dans toute la France et dans notre académie démontrent la mobilisation des
personnels, la détermination des enseignants du second degré à obtenir
satisfaction sur cette revendication.

Ceux qui, à l’image
du ministère, pariaient sur le pourrissement et l’essoufflement de la
mobilisation, en sont pour leurs frais, non seulement les collègues opposés à
la réforme sont toujours mobilisés et déterminés, mais de nombreux collègues
qui pouvaient avoir jusqu’alors une appréciation relativement positive de la
réforme ou qui ne manifestaient pas d’opposition sont maintenant convaincus,
après avoir subi les actions de « formation-formatage », de sa
nocivité.

 

Ce n’est pas en
répondant, comme au collège de Salies du Salat, par la menace du retrait
d’1/30° du salaire des collègues qui ont refusé de participer à la réunion de
« formation-formatage » du 20 janvier que ce conflit pourra être
désamorcé. Nous souhaitons à cette occasion vous rappeler les paroles que vous
avez prononcé le 24 novembre 2015 devant cette même instance :

             
« Pour
le temps de formation on ne traînera personne en formation, je fais confiance
aux enseignants qui considéreront qu’il est de leur intérêt d’y aller »

             
« Je
ne vois au nom de quoi ils refuseraient, la très grande majorité des
enseignants désire y participer »

 

Le point commun de
ces deux appels conjoints à la grève, auxquels les personnels ont largement
répondu dans notre académie, est la condamnation de la politique d’austérité.
Cette politique d’austérité qui s’abat sur tous les personnels détruit chaque
jour un peu plus l’ensemble des services publics et y compris le service public
d’éducation dont le rôle dans la cohésion de notre société est pourtant
absolument indispensable.

 

C’est la politique
d’austérité qui est l’unique moteur de la politique conduite tant au niveau
national qu’au niveau de notre académie. S’aventurer à camoufler cette réalité,
avec la feuille de vigne pédagogique, comme s’y essaient certains, en devient
risible.

 

A ce titre, FO
s’alerte du projet annoncé par Madame la DASEN du Tarn de redécoupage des
circonscriptions du premier degré  qui supprime deux circonscriptions sur les
huit existantes. Il s’agit ainsi :

             
de
réaliser, de notables économies de fonctionnement, sur le dos des IEN, de leurs
missions, sur le dos des enseignants et des personnels administratif et au bout
du compte sur le dos de l’école du service public et de sa qualité ,

             
d’apparaître
comme le bon élève de la classe en anticipant le rapport Caraglio-Leloup, un
rapport même pas discuté, qui préconise de réaliser des regroupements de
circonscription en « pôles » qui fonctionneraient avec les collèges sur la base
d’un contrat d’objectifs défini avec les intercommunalités : association des
directeurs aux inspections, aux objectifs fixés par la circonscription ;
inspections croisées entre premier et second degré… , inspections croisées
entre premier et second degré sur lesquels nous vous avons déjà interpellé et
pour lesquelles vous nous avez répondu qu’elles ne reposent sur aucunes bases
réglementaires.

 

Il en va aussi du
projet d’actualisation de la liste des CIO de notre académie. Comme dans
d’autres académies, la menace d’une remise en cause de la cartographie des CIO
avec la disparition probable de certains de ces CIO plane alors que la
nécessité du maintien d’un maillage territorial est avéré.

 

De la même manière le
projet d’évolution de l’organisation des EREA,  dont une des mesures
principales vise à remplacer les PE éducateurs d’internat par des AED au statut
plus précaire et moins coûteux est lui aussi frappé du sceau de cette
austérité.

 

Quand à la réforme du
collège sur laquelle nous nous sommes déjà largement exprimés, chaque jour
démontre qu’un de ses ressort est bien cette volonté d’austérité. En effet la
note sur les rappels méthodologiques relatifs à la répartition des moyens du
second degré est un aveu tout à fait clair d’une partie des intentions
ministérielles dans la mise en œuvre de la réforme du collège. Je cite « Un
complément de financement permettant le maintien des dotations initiales de
chaque établissement à hauteur des dotations initiales de 2015, à structure
constante. »,
ce qui signifie donc que lorsque ce complément de
financement aura disparu, la réforme du collège  produira ce que nous disons
depuis le début, une économie de  moyens destinés à l’enseignement dans les
collèges.

 

L’ensemble de cette
politique, Madame la Rectrice, obéit bien à une volonté chaque jour réaffirmée,
de réaliser des substantielles économies sur la qualité des services publics.

 

Cette politique
d’austérité remet aussi en cause les principes républicains auxquels les
personnels de l’Education nationale sont attachés, en particulier la mission
de permettre à tous les enfants de la République, quel que soit leur milieu
d’origine d’accéder à la connaissance et à la culture.

A ce sujet permettez
nous de citer un homme politique français dont les propos nous semblent
d’actualité :

« Rien de plus
déconcertant que l’acharnement des députés de gauche, depuis une quarantaine
d’années, à détruire en France les études gréco-latines, maîtresses de civisme
et de liberté. (…) C’est que nos réformateurs se sont moins souciés d’éducation
que de politique. Plus ou moins convaincus, malgré l’évidence des faits, que le
grec et le latin empêchaient le peuple d’accéder aux plus hautes fonctions de
l’État, au lieu d’élever l’élite des enfants pauvres aux études humaines et
libérales, ils se sont attachés à supprimer ce prétendu obstacle, préférant
ravaler la culture des lycées au niveau du primaire. »

Cet homme politique
français c’est Léon Blum, il s’exprime ainsi en novembre 1933,  alors que
commençait à résonner le bruit des bottes en Europe et 6 ans avant la
publication du roman de Victor Serge « S’il est minuit dans le
siècle ». 

 

Cette politique
détruit et le service public et les principes républicains et a de graves conséquences
sur les personnels que nous représentons.

 

Comment pourrait-on
ne pas évoquer les incidences désastreuses de la réforme des collèges sur les
postes. Combien de mesures de carte scolaire ? Combien de compléments de
service supplémentaires ? De compléments hors commune (rendus
réglementaires par le décret Hamon du 20 août 2014) ?

Le mouvement inter
académique enseignant du second degré est en cours en ce moment. Nos
collègues doivent avoir la possibilité de muter sur un poste fixe, sur un plein
temps, dans leur discipline de recrutement. La première et indispensable étape
du processus,  ce sont de réelles capacités d’accueil. Nous vous demandons
Mme la Rectrice de communiquer aux représentants du personnel vos demandes au
ministère en matière de capacités d’accueil par discipline. Nous savons certes,
que demander ne veut pas dire recevoir ; mais sur ce point, nous
souhaitons aujourd’hui avoir des réponses et des garanties .

 

Madame la Rectrice,
vous laissant aller à la facilité, vous répondez à FO « vous êtes contre
tout ».

FO n’est ni contre
tout, ni pour tout, pas plus qu’il ne négocierait le poids des chaînes à un
marchand d’esclave ; Pour FO il s’agit de défendre son attachement aux
principes fondamentaux de notre République.

Si vous et le
gouvernement proposiez la défense d’une école de la République fondée sur les
principes de l’égalité des droits pour la jeunesse de notre pays, nous y
serions favorable !

Si vous et le
gouvernement proposiez que les moyens de l’État soient consacrés à la tâche de
l’instruction et de l’éducation de notre jeunesse,  nous y serions
favorable !

Si vous et le
gouvernement proposiez que les personnels de l’Education nationale soient
traités avec toute la considération qu’ils méritent et le rétablissement de la
valeur du point d’indice, nous y serions favorable !

 

Pourtant force est de
constater que l’ensemble des mesure nationales et locales tournent le dos à ces
demandes, c’est vous et le gouvernement qui êtes contre tout, contre l’école de
la République, contre l’égalité des droits face à l’instruction, contre les
revendications des personnels !

 

C’est parce que nous
avons été mandatés par les personnels que nous portons en cette instance leurs
revendications.

 

C’est ainsi que nous
vous demandons, Madame la Rectrice, à propos du dispositif de visites
conjointes des IEN-IPR qui ne repose sur aucune base réglementaire comme vous
l’avez admis, de le suspendre immédiatement.

 

C’est ainsi que vous
nous demandons, Madame la Rectrice, de ne pas procéder à des retenues d’1/30°
sur les salaires des collègues qui n’ont pas participé à la formation.

 

C’est ainsi, Madame
la Rectrice, que nous vous demanderons de porter aux voix de cette instance
deux vœux portant, l’un sur la question des EREA, l’autre sur la carte des
langues vivantes, deux sujets à l’ordre du jour de ce CTA.

 

 

Je vous remercie de
votre attention.

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