Mesdames et messieurs les membres de la F3SCT du département de la Haute-Garonne.
Lorsque nous rédigions cette déclaration, le gouvernement Lecornu est tombé. Après celui de Bayrou, après celui de Barnier… Tous incarnaient la volonté du président Macron de poursuivre des politiques rejetées par tous. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Quelques jours plus tard, le gouvernement Lecornu est de retour.
Nous en sommes à un point où il faudrait rédiger les déclarations en direct ou quelques minutes avant l’instance tant la politique française ressemble à de l’improvisation permanente. Mais une improvisation permanente où la facture présentée aux travailleurs actifs ou retraités est toujours
aussi lourde.
Les mêmes causes : c’est le président Macron et son refus d’entendre les aspirations majoritaires des travailleurs et de la jeunesse qui se sont à nouveau exprimées dans les puissantes manifestations, les grèves et les blocages dès le 10 septembre.
Sur la réforme des retraites, le Premier ministre a annoncé une suspension jusqu’en 2027, suspension du report de l’âge de départ et de l’allongement de la durée de cotisation. C’est un premier pas, mais la suspension n’est pas l’abrogation. Cette réforme, imposée par 49.3 et rejetée par l’immense majorité des salariés, reste injuste, brutale et injustifiée. FO continue d’en demander le retrait !
Car pour la troisième fois en moins d’un mois, le 2 octobre dernier, par la grève et les manifestations, les salariés et la population en général ont exprimé leur volonté de rompre avec les politiques d’austérité et de marche à la guerre menées par le président Macron et un énième premier ministre dont ils n’attendaient rien.
Pour la troisième fois la FNEC FP-FO étaient aux côtés des centaines de milliers qui exigeaient le retrait de tout budget d’austérité, l’augmentation des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites, la défense de la Sécurité sociale et des services publics. Ces revendications ont côtoyé les slogans contre la marche à la guerre et contre le génocide en Palestine.
Cette mobilisation a été marquée à nouveau par la présence massive de jeunes (80 000 étudiants et lycéens selon une organisation de jeunesse) dans les cortèges, et les blocages sur de nombreux campus. Une jeunesse qui refuse le futur que lui dessinent Macron et ses gouvernements successifs : concurrence féroce (avec Parcoursup, ou mon MonMaster) et mise au pas avec le SNU qui a fini par être enterré mais dont l’idée de fond n’a pas été totalement abandonnée.
Quoi que fasse maintenant le président Macron, pour la FNEC FP-FO la seule issue à la crise politique qu’est en train de vivre le pays, c’est la satisfaction des revendications exprimées massivement et à de multiples reprises par les travailleurs, et, en ce qui nous concerne plus précisément, par les personnels de l’Education Nationale :
– Non pas une suspension, mais bien l’abrogation de la réforme Macron-Borne des retraites
– Augmentation du point d’indice et rattrapage du pouvoir d’achat perdu depuis 2000.
– Fin des coupes budgétaires dans l’Enseignement, la Recherche, la Culture et la Formation professionnelle.
– Abrogation des contre-réformes qui démantèlent l’École publique et le statut de fonctionnaire ouvrant la voie à la privatisation.
Car la politique du président Macron, et de ses plus ou moins éphémères premiers ministres n’a en rien amélioré la situation des personnels sur le terrain. Nous faisons à chaque instance le même constat.
Le manque de personnels, de tous les personnels, induit une surcharge de travail ou une impossibilité de faire son travail correctement pour les autres personnels. Le dénigrement des services publics, qui coûteraient trop cher d’après certains de nos gouvernants, amène à un déclassement aussi bien pécunier que de statut dans la société et à une déconsidération de la part de certains parents qui font preuve de violence à l’encontre des personnels.
La nécessité de faire des économies sur le dos des services publics, pour des raisons spécieuses, entraîne l’utilisation de logiciels privés peu ergonomiques et qui amènent une quantité de travail plus importante là où ils étaient censés la réduire, voire une insécurité quand à la pérennité des postes.
La baisse de l’indemnisation des arrêts maladie, en plus du jour de carence qui sanctionne injustement les arrêts maladie depuis 2018, pousse des personnels, dont le pouvoir d’achat au mieux stagne, au pire baisse, à se rendre quand même au travail au risque de dégrader leur santé.
Les budgets d’austérité successifs n’ont pas été sans impact sur les collectivités, et donc, sur l’état du bâti scolaire. Il a fait très chaud au mois de juin dans bon nombre de classes, la température atteignant parfois 40°C. La solution n’est pas de fermer les écoles et les établissements, mais de les rénover pour que l’Ecole puisse remplir sa mission.
S’agissant de la rentrée dans notre département, nos collègues sont eux aussi confrontés aux mesures d’austérité et au refus de donner les moyens nécessaires à l’Education Nationale qui génère évidemment des risques psychosociaux importants et dégrade leurs conditions de travail.
Concernant les AESH, le manque est devenu criant et empêche de garantir l’accompagnement des élèves en situation de handicap qui en relève. Les enseignants se retrouvent souvent seuls face à des situations lourdes, en porte-à-faux avec leurs obligations de sécurité, parce que l’administration leur répond que « tous les AESH disponibles sont déjà affectés ». L’exemple, longuement évoqué ce matin, de l’école des Trois moulins l’Ayguière à Labarthe-Sur-Lèze illustre bien la concentration des problèmes que l’on peut rencontrer sur le 1er degré.
Il y aurait beaucoup à dire sur les conditions de travails de certaines AESH qui suivent plus de 20 élèves par semaine, à qui on demande de pointer 4 fois par jour.
Nous constatons également un épuisement des moyens humains dans les services administratifs, à tous les niveaux. Cela a des répercussions concrètes et lourdes sur l’ensemble des personnels et participe à la dégradation générale du climat de travail dans notre département .
La liste pourrait encore être longue, mais pour conclure comment ne pas parler des difficultés liées au dogme de l’inclusion systématique qui met à mal les collègues, en particulier dans le 1er degré. Ces difficultés représentent l’écrasante majorité des saisines et font état mois après mois d’une détresse importante des personnels, des autres élèves qui sont parfois terrorisés, mais également des élèves en situation de handicap pour qui l’institution n’a finalement pas d’autre solution que de proposer une déscolarisation, voire des mesures disciplinaires. Pour notre fédération, l’inclusion ne peut être systématique et doit se décider au cas par cas. FO continue de dénoncer la loi de 2005 qui continue quant à elle à détruire l’Education Nationale, chaque jour un peu plus.
Chaque élève, chaque situation de handicap, est unique et nécessite une réponse sur mesure. Comme la pédagogie ne peut se substituer aux soins, la FNEC FP-FO continue de revendiquer l’inclusion des élèves lorsque c’est possible, une place en enseignement spécialisé lorsque c’est nécessaire.
Pour la FNEC FP-FO, le problème est avant tout un problème de de moyens et de choix politique. Le cadre contraint imposé par les gouvernements successifs n’est pas acceptable. Nous ne pouvons accepter les choix politiques de coupes dans les services publics, dans l’Education quand dans le même temps les dépenses pour l’armement explosent (elles passent de 32 milliards en 2017 à 64 milliards d’euros en 2027), quand les aides aux entreprises sont devenues le premier budget de l’Etat, à hauteur de 211 milliards d’euros par an. De l’argent pour l’Ecole, pas pour la guerre, ni pour les actionnaires.