4 pages Evaluation d’école et évaluation des enseignants

Ci-joint le journal 4 pages du snudi FO spécial “Evaluation d’école et évaluation des enseignants”. Vous pouvez également le lire directement sur le site ci-dessous.

Evaluation
d’école et évaluation des enseignants

Deux
dispositifs contre le statut, pour supprimer des postes

et
aggraver l’autonomie des établissements

 

 

Dans les projets ministériels sur
l’évaluation des enseignants comme dans les évaluations d’école on retrouve
deux éléments communs :

 

« auto évaluation », ce qui
signifie auto critique et culpabilisation par le biais des questionnaires
préparatoires à l’évaluation d’école et de l’entretien professionnel triennal
prévu par le projet sur l’évaluation des enseignants.

 

–  mêmes « compétences » requises
dans les deux dispositifs: appréciation de la «qualité du climat scolaire en
interne et en externe
» comme le précise l’article 4 du projet d’arrêté sur
l’évaluation des enseignants , appréciation de l’investissement de chacun dans
« l’action collective » de l’école en lien avec les parents d’élèves et les
partenaires comme le soulignent des protocoles d’évaluation d’école. 

 

Ce processus se développe au moment où le
ministre annonce la suppression de 5
700 postes dans les
écoles élémentaires et maternelles pour la rentrée 2012 après les 8
900 de l’an dernier.

 

« L’évaluation
d’école n’est pas dans le statut

des professeurs des
écoles

» (M Claus, Inspecteur général)

 

Un « management »
contradictoire aux

 règles statutaires

 

Avec ces méthodes de « management »,  il
s’agit de soumettre l’enseignant aux contrats d’objectifs école par école, au
projet éducatif local et donc d’en finir avec la liberté pédagogique
individuelle et les garanties statutaires, et pour cela  de fragiliser chaque
enseignant et l’école. Dans cette perspective, il est impératif de faire passer
chaque enseignant à la moulinette de l’entretien professionnel ou du « contrôle
de conformité » par  l’évaluation d’école.

 

Retrait des projets
de décret et d’arrêté

sur l’évaluation
des enseignants !

 

Depuis des mois, les enseignants rejettent
les projets sur l’évaluation par la grève et les manifestations à l’appel des
syndicats FO, FSU, UNSA, CGT et SUD, notamment les 15 décembre et 31 janvier.

Début avril, toutes les fédérations
syndicales se sont adressées ensemble au ministre pour qu’il renonce à la
publication de ses textes.

 

Abandon des
évaluations d’école

 

Depuis des mois également, les enseignants
du 1er degré s’opposent aux évaluations d’école qui anticipent sur
les projets ministériels sur l’évaluation professionnelle des enseignants. Le
SNUDI-FO s’adresse systématiquement aux autorités ministérielles et académiques
pour qu’elles admettent que  ces évaluations collectives n’ont aucune base
réglementaire.

C’est  ce qu’a confirmé M. Claus,
Inspecteur général, doyen du groupe Enseignement primaire de l’IGEN qui a
déclaré « l’évaluation d’école n’est pas dans le statut des professeurs des
écoles
»  lors du séminaire sur le thème de l’évaluation d’ école à Créteil
le 23 septembre 2011.

 

L’action syndicale impose des reculs,  après La Réunion,
la Vendée, le Val-de-Marne… le Maine-et-Loire

 

Les Directeurs académiques de La Réunion,
de Paris, du Val de Marne, de Vendée, des Ardennes, des Yvelines … ont déjà
reconnu, suite aux interventions du SNUDI-FO, que les évaluations d’école ne
sont pas obligatoires et qu’aucun enseignant ne peut y être contraint.

Dans le Maine-et-Loire, confronté à la
mobilisation des collègues d’écoles d’Angers,  le DASEN a dû expliquer le 3
avril : «Pour mettre en oeuvre des évaluations d’écoles, les IEN devront
s’assurer de l’accord écrit individuel de chacun des enseignants au préalable.
L’absence d’accord d’un seul enseignant empêchera l’évaluation d’école.
»

 

Il n’y a donc aucune ambiguïté, aucun
enseignant ne peut être contraint à se soumettre à une évaluation d’école.

 

• Abandon des évaluations d’école et des
contrats d’objectifs.

• Respect de l’inspection individuelle,  et
de la liberté pédagogique individuelle.

• Respect des obligations de service
réglementaires.

 

Montreuil le 18
avril 2012

 

 Angers , une bataille victorieuse !

 « L’absence d’accord d’un seul
enseignant empêchera l’évaluation d’école
»*

 

Dans
deux circonscriptions de la ville d’Angers, des IEN
ont tenté d’imposer
l’évaluation d’école.

 

Comment cela
s’est-il passé concrètement ?

 

Dans un premier temps, les IEN réunissent
les enseignants un soir après la classe, avec des parents et des élus, pour
leur présenter le protocole.

Selon ses promoteurs, ce n’est pas une
inspection, mais une démarche qui vise à mettre en avant les points forts de
l’école et à dégager des pistes pour améliorer les points faibles.

 

A la fin de la réunion sont distribués les
questionnaires d’auto évaluation que les enseignants et le directeur « doivent
» remplir avant l’entretien individuel prévu deux à trois semaines plus tard.
L’hypothèse d’un entretien collectif étant écarté car « il y a toujours des
meneurs, des personnes qui confisquent la parole, alors que l’entretien
individuel  libère la parole
» !

Les collègues ne découvriront donc le
contenu du questionnaire qu’après le départ des IEN. En même temps sont
distribués les questionnaires à remettre aux parents, au personnel communal et
aux élus.

 

Tout ce monde-là
doit donner son avis

sur le
fonctionnement de l’école !

 

Les directeurs
devraient répondre à un questionnaire où ils auto évaluent leurs capacités
«managériales» à gérer les crises, à répartir les moyens, à équilibrer des
comptes, à investir dans du matériel «non fongible», à financer des sorties
sans faire appel aux «usagers»… !

 

De leur côté, les
parents d’élèves, les agents municipaux, les enseignants seraient interrogés
sur ce qu’ils pensent de l’école, sur la manière dont sont accueillis les
enfants, sur ce qu’ils pensent du directeur, sur la façon dont ils sont
associés aux décisions de l’école, etc… mais bien évidemment aucune question
sur les milliers de postes supprimés et les classes surchargées …

 

Des questionnaires
culpabilisants

 

Adressés à toutes les composantes de la «
communauté éducative », ces questionnaires cherchent à instiller le soupçon du
travail mal fait, offrir le travail des enseignants en pâture au public pour
les désigner comme boucs émissaires des contre-réformes destructrices et briser
la confiance réciproque qui existe entre la majorité des parents et l’école.

C’est le  même processus qui a conduit à la
privatisation de France Télécom et la vague de suicide consécutive.

 

Que ressort-il de
ces entretiens ?

 

Ces entretiens qui ne portaient pas sur
l’observation d’une séance en classe, se sont appuyés sur les questionnaires
d’auto évaluation, ainsi que sur des travaux et productions réalisées dans la
classe.

L’aide personnalisée a été au cœur de tous
les entretiens, avec un leitmotiv : quantifier, mesurer, chiffrer, évaluer les
difficultés, les progrès, les projets, les réussites, etc…

 

Les outils de cycles, le projet d’école, la
partie des conseils des maîtres consacrée à la pédagogie, les évaluations des
élèves ont été mis sur la sellette.

 

Des remises en
cause statutaires …

 

Un collègue s’est vu reprocher de ne pas
mettre en place les PPMS ! A un autre, il a été reproché d’avoir une vision
figée de l’organisation de la journée scolaire. Il a été suggéré que les
personnels du temps périscolaire participent aux concertations.

 

Les IEN ont d’ailleurs expliqué clairement
que ce type d’évaluation d’école s’inspirait directement du modèle mis en œuvre
en Angleterre.

 

 Des contrats
d’objectif contre l’exigence

du rétablissement
de tous les postes …

 

Le bilan collectif, dernière étape du
processus, devait permettre de parvenir à un engagement “quantifié”, en terme
de réduction du nombre de redoublements au moment où il faut fermer des
milliers de classes, du nombre de PPRE alors que les RASED disparaissent, de
renforcement de la liaison GS-CP au moment où la maternelle est menacée…

 

C’est un véritable contrat chiffré entre
l’école et la circonscription qui engagerait alors les collègues à réussir
leurs objectifs sur un temps donné avec les moyens en constante diminution.
RGPP oblige !

 

Et un directeur
d’école

qui deviendrait
chef d’établissement !

 

Bien souvent, ce document est proposé à la
signature du directeur tentant de le transformer, de fait, en chef
d’établissement, représentant officiel de l’école et de la hiérarchie.

 

Le Directeur
académique
a dû reculer

 

Ces questionnaires ont soulevé un véritable
tollé qui a contraint  le Directeur académique à reculer en déclarant :

 

Pour mettre en oeuvre des évaluations
d’écoles, les IEN devront s’assurer de l’accord écrit individuel de chacun des
enseignants au préalable. L’absence d’accord d’un seul enseignant empêchera
l’évaluation d’école
. »

 

Les questionnaires
d’évaluation de la circonscription d’Angers…

 

 

Petit
florilège des affirmations avec lesquelles on doit dire si on est : « Tout à
fait d’accord – D’accord – Pas d’accord – Pas du tout d’accord – Je ne sais pas

» :

 

  Le directeur :
« J’impulse des projets  pédagogiques et j’anime les différentes
réunions institutionnelles en faveur de la réussite des élèves ».

 


Le personnel communal : « J’ai l’occasion d’être impliqué dans le
fait de prendre des décisions »

 «
Les parents sont entièrement impliqués dans l’école et dans le suivi du travail
de leur enfant »

 «
La direction à tous les niveaux est effective ».

 


Les parents :
  « L’école prend mes avis en considération »   « L’école
est bien dirigée »

 


Les professeurs des écoles : « J’ai été activement impliqué dans la
rédaction du projet d’école »,

 « La
direction à tous les niveaux est effective », « les enseignants communiquent
efficacement ensemble »…

 

Leur objectif est clair : imposer une
discussion au sein de la «communauté éducative» sur

«comment faire avec moins ?» dans le cadre
du plan d’austérité

 

 

A propos de la
circulaire

du 19 mai 2009

 

Dans une circulaire du 19 mai 2009, adressée
aux IA-IPR et aux IEN, le ministre demande de mettre en place des évaluations
d’écoles pour dépasser et intégrer les inspections individuelles. Dans cette
circulaire, le ministre fixe, pour la première fois, une mission de «
management » aux IEN et aux IA-IPR.

 

Cette circulaire ne s’adresse pas aux
enseignants mais à l’encadrement. De fait, elle ne fixe pas un cadre
réglementaire pour les enseignants
.

 

Pour les enseignants des écoles, le seul
cadre réglementaire est fixé par les décrets du 1er août 1990
relatif au statut particulier des PE, du 6 septembre 1990 et du 30 juillet 2008
relatifs aux obligations de service des PE, ainsi que par la note de service du
13 décembre 1983 modifiée par la note de service du 2 novembre 1994 qui fixe
les conditions de l’inspection individuelle.

 

 

Ils ont
dit…

 

Extrait d’un document publié par le SNUipp
des Hautes-Alpes, département précurseur des évaluations d’école…

 

« Depuis que l’expérimentation sur
l’évaluation des équipes d’école a débuté dans les Hautes-Alpes, le SNUipp n’a
eu de cesse de promouvoir cette “révolution”. Car c’est bien d’une
révolution qu’il s’agit.

 

(…) C’est une nouvelle vision de notre
métier, de nos élèves, de nos collègues et de nous-mêmes.

 

(…) Le ministère lui-même, dans une récente
publication, dénonçait l’archaïsme de l’inspection d’abord parce qu’elle ne
permet pas d’évaluer et de faire évoluer les pratiques dans les classes et
ensuite parce que cela coûte cher d’inspecter.

 

(…) Le SNUipp réaffirme son engagement dans
ce nouveau système même si le message n’a pas toujours été bien compris ».

 

L’évaluation
d’école s’attaque aux missions et garanties

statutaires
des conseillers pédagogiques

 

Avec les évaluations d’école, les DASEN
tentent de transférer aux conseillers pédagogiques (ainsi qu’aux directeurs)
les responsabilités des IEN, notamment en cherchant à leur imposer de nouvelles
missions d’évaluation par exemple « fournir des éléments d’appréciation
documentés sur l’activité des personnels enseignants »
.

Dans une circonscription de Vendée, les
conseillers pédagogiques ont ainsi refusé de participer au dispositif
considérant qu’il remet en cause leur statut et les met en porte-à-faux
vis-à-vis de leurs collègues chargés d’une classe.

 

Rappel : Les conseillers pédagogiques ont pour
missions de former et de conseiller et non d’évaluer : en aucun cas la présence
d’un conseiller pédagogique ne peut être imposée dans les classes.

 

 

Pourquoi
la FNEC FP-FO revendique-t-elle

le
maintien de l’inspection

 et de la
notation individuelles ?

 

A juste titre, des collègues soulignent
fréquemment que l’inspection individuelle qui devrait être un acte de
confiance, de conseil et d’aide pédagogique, se transforme dans certains cas en
inquisition dans l’objectif de les soumettre à la « pédagogie officielle » et
d’en finir avec leur  liberté pédagogique.

 

Rappelons qu’à l’origine, l’inspection des
enseignants par les IEN répondait à un principe essentiel de la Fonction
publique : l’indépendance du fonctionnaire à l’égard du pouvoir politique ou
des usagers des services publics. Il s’agissait de garantir à l’enseignant sa
liberté pédagogique par le libre choix de ses démarches et méthodes
pédagogiques. Le rôle des inspecteurs n’était pas d’imposer une pédagogie mais
de vérifier que le travail était correctement fait dans le cadre des programmes
nationaux définis par année et par discipline.

 

L’école du « socle
commun » 

contre
l’indépendance professionnelle et pédagogique

 

Ces principes et droits statutaires
garantissant l’indépendance professionnelle et pédagogique des enseignants vis
à vis de « la société civile » (parents d’élèves, élus politiques, associations
et groupes de pression divers) ont été systématiquement remis en cause. De la
loi d’orientation Jospin de 1989 rendant obligatoire le projet d’école à la «
loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école » de 2005 du
ministre Fillon décrétant que la liberté pédagogique devient l’obligation
d’obéir au projet de l’école du « socle commun » défini par la « communauté
éducative », la même logique prévaut.

Ces nouveaux cadres réglementaires
expliquent les dérives de l’inspection et l’augmentation du nombre de baisses
de note qui étaient fort rares il y a peu encore.

 

« Indicateurs de
performance »

et « obligation de
résultats » comme dans le privé

 

Dans le même temps, le décret du 29 avril
2002 relatif à l’évaluation des fonctionnaires a ouvert la possibilité de
remplacer la notation (et partant du déroulement de carrière) des
fonctionnaires, par l’évaluation qui doit notamment porter sur « les
résultats professionnels obtenus par le fonctionnaire au regard des objectifs
qui lui ont été assignés
»…

C’est en référence à ce décret Fonction
publique que Luc Chatel veut imposer sa réforme de l’évaluation des enseignants
qu’il prépare en développant les évaluations d’école.

 

Pour FO, les collègues n’ont pas à être
évalués individuellement et collectivement à partir d’ « indicateurs de
performance » ou d’une « obligation de résultats » à l’image de la productivité
dans le privé. Ce serait une rupture radicale pour imposer l’autonomie des
établissements (EPEP, E2P, école du socle) et la destruction du statut
national.

 

 

 

Maintien
de l’inspection et de la notation individuelles

telles
qu’elles sont définies par le statut général

de la Fonction
publique

 

Documents joints