Candidats sur liste complémentaire au CRPE 2024
Académie de Toulouse
Courriel : liste.complementaire.ac.toulouse@gmail.com
N° de téléphone : 07 77 82 83 58
Madame la ministre de l’Éducation nationale
Hôtel de Rochechouart
110 rue de Grenelle
75006 PARIS
À Toulouse, le 24 juillet 2024,
Objet : Recours à la liste complémentaire du CRPE 2024 dans l’académie de Toulouse
Madame la Ministre,
Nous sommes inscrits sur la liste complémentaire de la session 2024 du concours de recrutement de professeurs des écoles de l’académie de Toulouse.
En juin 2023, l’ensemble des 110 candidats de la liste complémentaire de l’académie de Toulouse a été recruté pour pallier le manque de professeurs des écoles. Cette année, seule la moitié (50 candidats sur 100) a été appelée alors que les besoins sont flagrants dans toute l’académie : des classes sont fermées, des ouvertures refusées, et, bien souvent, les enseignants ne sont pas remplacés. Pour la seule Haute-Garonne, les syndicats ont compté jusqu’à 200 enseignants non remplacés par jour. Par ailleurs, des demandes de temps partiel, de disponibilité et de congé formation ainsi que des démissions pour reconversion professionnelle sont refusées.
Depuis quelques années, le choix est fait de recourir en nombre à des contractuels plutôt que de recruter des enseignants fonctionnaires. En effet, dans l’académie de Toulouse il y avait 400 contractuels employés en 2023-2024. Ces personnels sont recrutés sur un simple entretien. Le métier d’enseignant exige un investissement sur de nombreuses années avec un réel accompagnement et des temps de formation. Les contractuels n’ont rien de tout cela. En outre, ils ont des payes et des garanties nettement inférieures aux professeurs des écoles. Leurs conditions de recrutement et d’emploi altèrent la qualité de l’école publique : les élèves sont ainsi placés en situation inégalitaire ce qui est contraire aux principes de la République.
Nous recruter, ce serait s’engager pour l’avenir de l’école et des élèves en misant sur des personnes compétentes, bien souvent issues d’un Master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, qui connaissent les réalités du métier de professeur des écoles, grâce notamment à des stages de pratique et à de l’alternance, et qui sont à quelques places seulement des lauréats du concours. En effet, nos moyennes sont pour l’essentiel supérieures à 12, voire supérieures à 13, pour un concours exigeant. Le jury a donc vu en nous des professeurs et a reconnu nos compétences. Nous sommes prêts et motivés pour exercer le métier de professeurs des écoles. Notre recrutement nous assurerait un statut. Les besoins de l’école et des élèves le justifient. Le décret n° 90-680 du 1ᵉʳ août 1990 le permet.
Madame la Ministre, votre parcours témoigne de votre attachement à l’académie de Toulouse et de votre engagement fort envers l’éducation. Pour expliquer les raisons de votre démission de votre poste de rectrice de l’académie de Toulouse, vous précisez dans un courrier aux cadres de l’académie : « La raison de ma démission réside, aujourd’hui, dans la difficulté de plus en plus certaine à assurer une continuité dans le discours pédagogique que j’ai porté (…) et dans la capacité à affirmer une cohérence entre des ambitions affichées et des actes posés concrètement ».
Si nous vous écrivons aujourd’hui, c’est parce que nous sommes convaincus que vous pouvez comprendre notre situation et contribuer à lutter contre la précarisation du métier d’enseignant. En l’absence d’un nouveau gouvernement, vous continuez à gérer les affaires courantes de l’Éducation nationale. Recruter des enseignants qualifiés et compétents pour répondre aux besoins existants et leur accorder un véritable statut est une affaire courante et urgente.
Le vendredi 9 février 2024, dans votre discours lors de la cérémonie de passation de pouvoir, vous déclariez avoir « la ferme volonté de faire évoluer notre système éducatif ». Vous affirmiez aussi aux professeurs qu’ils vous trouveraient « à leurs côtés en toute circonstance, tout à la fois pour les soutenir, libérer leurs initiatives pédagogiques et les protéger de toute insécurité et de tout éloignement du contrat laïc et républicain ». Vous indiquiez en outre : « Il s’agit au fond et avant tout de redonner du sens à l’ensemble de notre système éducatif […] redonner du sens pour que les enseignants soient confortés dans leur engagement pour l’école ; redonner du sens pour que les parents aient confiance dans notre système éducatif. »
Avec ces convictions affirmées, nous, candidats sur la liste complémentaire, enseignants, parents, pensons que vous pourrez répondre à nos revendications :
- Recruter sans délai les 50 candidats restants sur la liste complémentaire de l’académie de Toulouse ;
- Lutter contre la précarisation du métier d’enseignant ;
- Suspendre les fermetures de classes dans l’académie de Toulouse.
Par ailleurs, afin d’être prêts et prêtes à enseigner à la rentrée 2024, nous avons lu avec attention la circulaire de rentrée datant du 26 juin 2024. Vous souhaitez « assurer la cohésion sociale dans l’École et par l’École, pour ne laisser aucun élève sur le bord du chemin ». Ce souhait nécessite de ne laisser aucun enseignant sur le bord du chemin. Quant à votre volonté de « renforcer le soutien aux professeurs » et de « redonner aux écoles, aux établissements et aux équipes les marges de manœuvre dont ils ont besoin pour porter leurs projets et s’adapter au contexte et aux besoins de leurs élèves », elle nécessite que tous les moyens soient mis en œuvre. Il est regrettable que le budget de l’Éducation nationale ait subi une coupe de près de 700 millions d’euros.
Il y a donc ces suppressions budgétaires, ce refus de nous recruter et, dans un même temps, près de 20 millions d’euros sont dépensés pour imposer une campagne commémorative des Jeux olympiques dans les écoles. Nous sommes dans l’incompréhension. Où est l’intérêt des élèves ? Où est l’intérêt des enseignants ? Où est l’intérêt de l’école publique ?
Enfin, la circulaire indique que « la cohésion de notre institution implique également une attention constante aux personnels de l’Éducation nationale et à leurs parcours de carrière ». Quelle est l’attention portée à la carrière des enseignants contractuels ?
En audience le mercredi 3 juillet 2024, le rectorat de l’académie de Toulouse nous a certifié ne recruter que 80 contractuels à la rentrée (laissant ainsi 320 contractuels complètement démunis) mais nous avons constaté que le recrutement de nouveaux contractuels hors vivier continue. Le parcours de carrière de ces enseignants contractuels n’est alors pas du tout pris en compte : ils sont des instruments budgétaires qui comblent des postes vacants pour un temps et sont aussitôt éconduits lorsque les académies n’ont plus besoin d’eux. Nous reformulons notre crainte face à la précarisation du métier d’enseignant et notre conviction qu’un tel métier ne peut s’exercer sans un investissement de plusieurs années. De ce fait, décidez de recruter les inscrits de la liste complémentaire et assurez-nous un véritable statut à la hauteur de nos compétences.
Pour appuyer notre demande, veuillez trouver ci-dessous la liste des personnes et organisations qui nous soutiennent :
- Des députés de l’académie de Toulouse : Hadrien Clouet, François Piquemal, Anne Stambach-Terrenoir, Sylvie Ferrer, Joël Aviragnet, Christine Arrighi, Arnaud Simion, Stéphane Mazars et Aurélien Pradié ;
- Les syndicats : FSU-Snuipp, Snudi-FO, SE-Unsa ;
- L’Association FCPE 31 ;
- Les parents d’élèves ;
- Les enseignants du 1ᵉʳ degré en poste que notre arrivée soulagerait ;
- + de 1 600 signatures de citoyens et citoyennes recueillies par notre pétition.
Nous sommes prêts, formés et motivés. Nous n’attendons qu’une chose : être appelés pour un poste, même loin de chez nous, et pouvoir préparer notre classe et former les futurs citoyens et citoyennes que seront nos élèves.
Nous demandons notre recrutement immédiat, la fin de la précarisation du métier d’enseignant et la suspension des fermetures de classes dans l’académie de Toulouse.
Madame la Ministre, soyez assurée de notre profond attachement au service public d’éducation. Nous sommes disposés à vous rencontrer si vous le souhaitez.
Dans l’attente de votre réponse et en vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien porter à notre courrier, veuillez agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre très haute considération.
Les candidats restants sur la liste complémentaire
du CRPE 2024 de l’académie de Toulouse