La Dépêche : Concours des profs des écoles : «Dès que je suis arrivée devant le jury, j’ai senti qu’on allait me mettre 0 !»

Article de La Dépêche

Les «Contrats admissibles» (CAD) étaient rassemblés hier devant le Rectorat.

Atterrés autant qu’en colère, les futurs professeurs titulaires des écoles, ceux que l’on nomme administrativement les «Contrats admissibles». Hier, ils étaient une vingtaine de «CAD» (à peine plus que les forces de l’ordre venues les encadrer) à s’être regroupés devant le Rectorat pour exprimer leur indignation face aux derniers résultats du concours de recrutement des professeurs des écoles (CRPE), concours exceptionnel qu’ils avaient passé l’an passé. L’objet de leur colère ? La note de «0», éliminatoire pour quiconque des candidats la recevant. 47 des 330 admissibles à l’issue des épreuves écrites en auraient été victimes, «pour des raisons qu’on aimerait bien connaître» insistent les recalés. C’est pour cela qu’ils étaient reçus, jusque tard hier soir, par le représentant de l’Education Nationale, laquelle avait promis, à l’époque du passage du concours, une jauge de 300 places de titulaires. Les «CAD» sont sceptiques…

Le Rectorat : «il n’y a eu aucun dysfonctionnement administratif»

«Nous enseignons tous avec des attestations de satisfaction de nos directions respectives. D’ailleurs, depuis que nous avons été recalés, nous continuons à enseigner», indique par exemple Valérie, dont le témoignage fait quelque peu frémir. À 46 ans, cette mère de famille a décidé de reprendre courageusement un statut d’étudiant pour avoir accès à la formation ad hoc, afin de pouvoir passer le CRPE. Tout se passait bien jusqu’aux épreuves d’admissibilité. Puis, arrivent les épreuves orales. «Dès que je suis arrivée face au jury, j’ai senti qu’on allait me mettre 0. L’un des membres du jury soupirait, levait les yeux au ciel. Ma séquence sur les mathématiques a littéralement été démontée», affirme Valérie. Même en arts visuels, l’une des options où elle excelle, la professeure aurait été cassée. «On m’a reproché que sur l’un des visuels présentés, on voyait une paire de seins en arrière-plan. Il ne faut pas exagérer !»

Elle et ses collègues étaient soutenus hier par Jean-Claude Tarroux, le secrétaire départemental FO enseignement-culture, également très remonté : «Nous contestons le refus de motivation des notes, alors même qu’une recommandation demande que toutes les notes soient motivées.» Hier soir, le Rectorat avait une toute autre interprétation des faits, soulignant d’abord qu’il n’y a eu sur ce concours «aucun dysfonctionnement administratif». Avant de préciser : «Le jury a considéré qu’une partie des candidats ne pouvait accéder aux postes eu égard aux exigences du concours, et ce même si, à ce jour, tous les postes ne sont pas pourvus…»

Xavier Hurtevent