Déclaration FO Formation Spécialisée départementale du 4 décembre 2025

Mesdames et Messieurs les membres de la formation spécialisée départementale,

Pour la deuxième formation spécialisée de cette année scolaire, le ressenti général de mépris pour la santé, la sécurité et les conditions de travail, malgré les discours remplis de bonnes intentions, s’accentue. Les conditions se dégradent de mois en mois, comme le confirment les analyses du RSST, et nous ne sommes qu’au mois de décembre !
Nos collègues subissent une réalité aux antipodes des affirmations ministérielles qui prétendent valoriser le métier d’enseignant. Restaurer l’attractivité avec des spots publicitaires ridicules ? Une farce pas crédible, comme le prouve le report répété des dates d’inscription aux concours cette année encore ! Les salaires, les pires d’Europe, ne sont que la partie visible de l’iceberg : ce sont bel et bien les conditions de travail qui font de la France un repoussoir pour quiconque envisage d’enseigner. Il est temps que ça change, et vite !        

Selon l’enquête TALIS 2024 de l’OCDE menée auprès de 280 000 enseignants dans 55 pays, seuls 4% des enseignants français estiment que leur métier est valorisé par la société, le taux le plus bas mondialement, en baisse de 7% depuis 2018 (contre une moyenne OCDE de 25%).​

Concernant la valorisation par le gouvernement ou les politiques, le ressenti est identique : 4% des enseignants français se sentent considérés par les politiques, à égalité bien en dessous de la moyenne OCDE de 16%

C’est dramatique et alors que l’employeur devrait tout faire pour infléchir ces statistiques alarmantes, force est de constater qu’il faut déployer une énergie folle pour qu’il y ait une prise de conscience des soucis récurrents de notre métier.

Le choc des savoirs, les effectifs souvent pléthoriques, et tout particulièrement l’échec et la mise en danger de tous par la politique d’inclusion systématique découlant de la loi 2005, sont dévastateurs.          
Ces situations quotidiennes, accumulées et aggravées exigent une action immédiate et radicale de l’institution. Elles exigent aussi que les collègues soient simplement écoutés et entendus, en tant que professionnels, dans leurs demandes légitimes. 
Le manque criant d’AESH et de places en établissements spécialisés, découlant de cette politique, sont tout autant dévastatrices.

Difficile de faire un listing exhaustif entre les changements des programmes non accompagnés, la pression sur les élèves et sur les collègues dans le cadre de Parcoursup, le manque de personnel de direction, la montée des incivilités et agressions, la valse des Ministres entre autres injonctions contradictoires, le manque de cohérence, de moyens à tous les niveaux…           
Au niveau des services du rectorat gérant directement les enseignants, les moyens sont devenus si insuffisants que les soucis de paie ont encore augmentés en cette rentrée, avec des collègues ne recevant pas leur salaire, entre autre, malgré toute la bonne volonté des collègues administratifs. Pour ces collègues-là, la seule solution proposée est d’ailleurs d’attendre le mois suivant une régularisation qui « devrait arriver ». 

Tous ces éléments plongent les personnels dans une difficulté croissante. Les risques psychosociaux explosent, et cela ne profite évidemment à personne, sauf peut-être à ceux qui continuent d’économiser sur le dos des personnels en détresse.   

En réalité, un budget de guerre est engagé… mais c’est une guerre déclarée à l’Éducation Nationale, tandis que le véritable effort budgétaire — celui qui devrait être consacré à la sécurité et aux conditions de travail de tous nos collègues — est détourné vers la guerre… la guerre ailleurs, celle qui mobilise massivement des ressources, au détriment de notre système éducatif.        

La FNEC FP FO combat cette idée de guerre absurde, une guerre que nos concitoyens refusent unanimement, malgré les tentatives incessantes des gouvernants pour préparer la population à l’accepter. Non, nous ne sommes pas prêts à perdre nos enfants au combat, comme l’assène le chef d’état-major, mais nous sommes prêts — et exigeons — qu’ils bénéficient d’une Education Nationale la plus efficiente possible. Cela passe par de bonnes conditions de travail pour tous les collègues. Pour rester dans la thématique guerrière, c’est là notre véritable combat.