Déclaration CDEN 29 février

Monsieur le Préfet,

Monsieur le Directeur Académique,

Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,

Le massacre en Palestine se poursuit. Ses victimes se comptent par centaines de milliers : plus de 25 000 morts recensés, des dizaines de milliers de blessés graves. La population est affamée et soumise à la maladie. Au même moment, aux portes de l’Europe, la guerre en Ukraine entre dans sa 3e année. Fidèle à la tradition du syndicalisme ouvrier et à la solidarité ouvrière, la FNEC FP FO réaffirme l’exigence du cessez-le-feu immédiat et permanent, l’arrêt des bombardements et des déplacements de population, l’urgence de l’accès aux soins et aux produits de première nécessité. La FNEC-FP FO condamne l’augmentation du budget militaire passé à 413 milliards alors que les milliards indispensables au bon fonctionnement des services publics n’y sont pas affectés, même pas envisagés par ce gouvernement.

Au contraire, Bruno Lemaire annonce son plan « « d’économie » de 10 milliards d’euros à faire sur le dos des services publics et des personnels. Ce plan d’austérité intervient au lendemain de l’annonce du président de l’envoi de 3 milliards d’armes en Ukraine, « formidable opportunité pour l’industrie française », comme le déclarait il y a quelques mois le ministre des armées. Il intervient alors que les bénéfices nets cumulés des plus grandes entreprises françaises du CAC 40 ont dépassé les 120 milliards d’euros pour 2023. Il s’agit de la troisième année d’affilée où les entreprises du CAC 40 réalisent ensemble plus de 100 milliards d’euros de bénéfices.

Le décret du 21 février 2024 décline ces annonces gouvernementales par mission, programme et dotation au mépris de la loi de finances 2024, rejetée par la représentation nationale et passée en force par 49.3.

Il s’agit d’une saignée d’une ampleur inédite pour l’Enseignement et la Culture. 692 millions de moins pour l’Education nationale : – 138 millions dans le 1er degré, dont 131 millions en dépense de personnels, donc en postes, – 123 millions dans le 2nd degré, dont 87 millions pour les postes, – 61 millions pour les personnels administratifs (services déconcentrés : rectorats, DSDEN, circonscriptions…), – 164 millions pour les postes de CPE, AED, AESH, médecins, infirmiers…). Dans l’Enseignement supérieur et la recherche : – 904 millions. A la Culture : – 204 millions. Au Sport, à la Jeunesse et la Vie associative : – 180 millions.

Les dirigeants publics et privés considérant les services publics comme une dépense et non comme un bien commun et une garantie de l’égalité de traitement des citoyens. Le gouvernement s’exécute. Il ne cache même plus sa volonté de les assécher. Une coupe supplémentaire de 12 milliards est déjà annoncée par le ministre Le Maire.

Dans ce contexte, comme si les conditions de travail dégradées dans les écoles ne l’étaient pas suffisamment, la députée Rilhac dépose une nouvelle proposition de loi « créant le statut d’établissement public local d’enseignement primaire ». Après la loi Rilhac1, l’expérimentation marseillaise, les évaluations d’école… cette proposition de loi vise à franchir un pas supplémentaire significatif dans l’explosion du cadre national de l’École publique. Les écoles seraient transformées juridiquement en établissements autonomes (sur le plan administratif, budgétaire, pédagogique et éducatif comme les établissements du 2d degré) soumis aux collectivités locales et dirigés par un conseil d’école présidé par un directeur-manager et dans lequel les enseignants seraient minoritaires.

Ces annonces sont une véritable provocation contre les personnels qui ont exprimé leur colère et leurs revendications lors de la puissante grève du 1er février. Ils manifestent contre la dégradation continue de leurs conditions de travail, liée à la mise en place de contre-réformes qui ne répondent à aucune des revendications du terrain.

Avec ces annonces, le gouvernement se positionne à rebours des exigences légitimes des personnels qui se mobilisent, au côté des parents d’élèves et d’élus locaux contre les fermetures de classes, les classes surchargées, les collègues non remplacés, contre les mesures du choc des savoirs qui ponctionnent les faibles moyens et créent le chaos dans les établissements, contre l’austérité salariale et le gel du point d’indice, contre la politique de l’inclusion systématique et forcée et l’acte 2 de l’école inclusive qui remet en cause le droit pour les élèves de pouvoir bénéficier d’un enseignement adapté (3500 élèves notifiés en attente dans l’académie), contre la volonté d’associer l’École à l’armée à travers le SNU…

Dans notre département, les registres Santé et sécurité au travail font état des difficultés quotidiennes rencontrées par les collègues. Rares sont les écoles où « tout va bien ». En Haute Garonne comme ailleurs les collègues subissent des conditions de travail inacceptables, dans les classes et pas seulement. Le département est le premier où des IEN saisissent le registre. Le constat est partagé : manque de remplaçants, élèves non accompagnés, usure psychique des enseignants, impossibilité pour tous les personnels d’accomplir correctement leurs missions… A ce stade de dégradation des conditions de travail, ce n’est pas « plus de formation », par ailleurs sporadique qui va faire la différence. En revanche, le maintien d’une classe dans une école est un souffle qui assure des conditions de travail moins pires. Et enfin alors même que des élèves notifiés sont en attente de place, nous condamnons la volonté de fermeture de l’IME de Lagrave. Nous en demandons le maintien.

Nous sommes ici pour porter la parole des collègues. Nous rejetons cette carte scolaire mise en oeuvre sans la moindre « dotation ». C’est la logique des vases communicants qui s’applique. Pour ouvrir dans une école, vous fermez ailleurs. La logique budgétaire justifiant ces fermetures de classe s’apparente à la fermeture de lits d’hôpitaux en pleine pandémie. Elle n’est pas acceptable. Dans le respect du mandat que nous ont confié les collègues, nous avons voté contre ce projet de carte scolaire. Nous demandons l’annulation de toutes les fermetures dénoncées : écoles Calas Dupont, Fabre, Ricardie, Dottin, Falguière, Billières, du Nord, Bonnefoy, Niboul, Monnet, Curie, Borderouge et Paul Bert à Toulouse, écoles Cabanis à Balma, Jean Moulin à Montrabe, Comtesse de Ségur à Verfeil, Nougaro à Gardouch, Ferry à Villefranche de Lauragais, Saint Léon, Pierre Mendés France à Ramonville, Hugon à Muret, Croix de l’Olivier à Cazères, Curie à Frouzins, Ferry à Aussonne, les Perséides à Blagnac, Massio à Buzet sur Tarn, Michelet à Villemur sur Tarn, Saint Mamet et Lasserre Pradére. Nous demandons également l’ouverture prévue à l’école Jules Verne à Castelginest et l’ouverture demandée d’une classe à l’école Dupouy, d’une ULIS à l’école Dottin ainsi que d’une UPE2A à temps plein.

Le gouvernement et son ministère sont de plus en plus isolés : partout, les collègues se réunissent et discutent des moyens de l’action efficace pour construire le rapport de force qui bloquera le plan Macron-Attal de liquidation de l’école publique. Comme les agriculteurs, qui ne relâchent pas la pression, comme les collègues de Seine-Saint-Denis en grève depuis lundi et déterminés à obtenir satisfaction, les enseignants s’organisent. La FNEC FP FO 31 soutiendra toutes les initiatives prises pour la satisfaction des revendications.