La Presse parle de FO, la fédération opposée au projet “Refondation”

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Rythmes Scolaires : le dossier avance

Enième feuilleton sur les rythmes scolaires : les syndicats d’enseignants ont été reçus, mercredi 5 décembre, au ministère de l’éducation nationale, où un projet de décret leur a été présenté par le cabinet de Vincent Peillon. L’entrevue – la troisième sur le sujet – était très attendue, après l’annonce faite par le chef de l’Etat, François Hollande, le 20 novembre, d’un possible étalement de la réforme sur deux ans (2013 et 2014). Ce délai, censé rassurer les collectivités qui doivent prendre en charge trois heures d’activités périscolaire en plus, chaque semaine, pour alléger les journées de classe et permettre le retour aux quatre jours et demi d’école hebdomadaires, avait – un peu – embrouillé les enseignants.

« On a craint un enterrement de première classe de la réforme », lâche l’un d’eux. Changement de ton après le rendez-vous d’hier, dont le Snuipp-FSU – majoritaire dans le premier degré – et le SE-UNSA sont sortis relativement satisfaits.

La répartition du volume horaire a été affinée : les écoliers continueraient à avoir vingt-quatre heures d’enseignement hebdomadaires, mais reparties sur cinq jours. La durée de la journée ne devrait pas excéder cinq heures et demi, et la demi-journée supplémentaire – fixée au mercredi, sauf dérogation -, pas plus de trois heures et demi. La pause méridienne ne devrait pas être inférieure à une heure trente.

Le calendrier a été précisé : « L’objectif est que toutes les écoles appliquent la réforme dès 2013, certaines communes pouvant, à titre dérogatoire, attendre 2014 », assure Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA. Les villes auraient jusqu’au 1er février pour faire connaître leur vœu.

L’organisation de la semaine a été clarifiée : les communes proposeraient leur « projet éducatif » au directeur académique des services de l’éducation nationale (DASEN), censé arbitrer, après avis des conseils d’écoles ou de la mairie dans le cadre d’un projet éducatif territorial. Il n’est pas exclu qu’un même département puisse avoir des écoles à quatre jours et d’autres à quatre jours et demi. Le Snuipp-FSU réclame que les conseils d’école soient associés au projet.

L’aide personnalisée (AP) vivrait ses dernières heures : elle serait transformée en « activités pédagogiques complémentaires » (APC), inscrites dans le temps de service des enseignants et organisées en « groupe restreint ». « C’est un changement important de logique », salue Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp-FSU. « Finie l’époque où les injonctions venaient d’en haut : le contenu de l’APC est ouvert – aide au travail personnel, aide aux élèves en difficulté, activités liées au projet d’école… – et on laisse aux enseignants la liberté, l’initiative de son organisation. C’est un signe de confiance en direction des enseignants. » Reste à définir le volume horaire de l’APC, et ce qu’est un « groupe restreint ».

Sur une toute autre ligne que le Snuipp-FSU et le SE-UNSA, la fédération FO. Titre de son communiqué : «Travailler plus pour gagner moins, inacceptable !». Elle dénonce une « territorialisation de l’école » et une « dégradation des conditions de travail des enseignants ».

Le rapport annexe au projet de loi d’orientation et de programmation sur l’école, divulgué ce même 5 décembre, rappelle que « cette réforme des rythmes doit agir comme un levier pour faire évoluer le fonctionnement de l’école autour d’un projet éducatif territorial et doit conduire à mieux articuler les temps éducatifs et les temps péri-éducatifs et, par conséquent, à coordonner les actions de l’État, des collectivités territoriales et des organismes œuvrant dans le champ éducatif ». Il est rappelé que « la durée de l’année scolaire reste fixée à 36 semaines à la rentrée 2013 » mais qu’elle « pourra évoluer au cours des prochaines années ».

Les organisations syndicales espèrent un quatrième rendre-vous avant Noël, pour évoquer, notamment, les obligations de service des enseignants et leur éventuelle revalorisation. Les collectivités, elles, attendent encore leur carton d’invitation.

Mattea Battaglia